Ana Tornel

Espíritus Transitorios

Usine abandonnée. Pendant sept jours, Ana Tornel s’approprie le lieu. Alors, l’inattendu se produit. Des femmes et des hommes reviennent pour nous raconter leur travail et leurs vies d’alors. Avec leurs bruits mécaniques, les gestes précis sur les machines. En suspens dans l’espace flottent encore chaque regard, chaque mot, le bourdonnement d’un hier fantomatique, profondément inscrit dans chaque recoin au point d’en être indélébile. Tout comme cela aurait plu à Lewis Hine.

Demain, cette usine se transformera en l’actuel Musée du Textile de Vilassar de Dalt. Comment l’instant photographique illustre-t-il la suspension entre imminence et réminiscence ? En fixant à travers les objets la langueur métaphysique qui envahit les images. Sans aucun doute, la magie de la photographie consiste à harmoniser les temps déconnectés avec le moment présent, en cousant avec tous les fils la trame unique dont elles proviennent.

Persistance rétinienne au carrefour du temps. Traces d’une fatigue éternelle dont les hommes ne se libèrent qu’à travers l’oubli. Cet oubli qui finit par se révéler comme le thème central de ce lent processus de disparition, dont l’image cherche à être témoin et à travers lequel se révèle l’extrême contemporanéité du regard de l’artiste. Retrouver la présence dans le vertige des temps vécus, dans la rareté concrète de notre réalité pleine d’artefacts, de machines, d’ambitions, qui, au final, pèse ce que pèsent les rêves.